Au pays de Descartes en 2019, il y avait du monde au 1er colloque des Médecines Complémentaires et Alternatives! Il s’est tenu le 28 Octobre au Ministère des Solidarités et de la Santé.
Cette initiative, impulsée par V. Suissa, S.Guérin et P. Denormandie (psychologue, sociologue et chirurgien) pour la sortie de leur livre du même nom, est enthousiasmante.
Ils ont réunit le corps médical avec les acteurs de l’Activite Physique Adaptée (Siel bleu), des agents hospitaliers ayant intégré ces approches, des praticiens en hypnose, des universitaires et un médecin américain de Standford (au téléphone).
Avec 70% des Français qui font appel à ces techniques, ce genre d’événement est nécessaire!
Ce n’est pas un phénomène de mode mais de société. La vision commune de celles-ci (et mon coeur de métier !) est de rendre le patient acteur de sa santé : c’est un changement de paradigme qui s’opère en profondeur.
Une absence de consensus
sur une dénomination commune
Un joyeux flou sémantique règne :
– médecines douces ou parallèles – Interventions Non médicamenteuses. – Soins de support…
Sauf pour la médecine chinois ou ayurvédique, j’ ai des réserves sur le recours au mot « médecine » . Selon moi, ces approches n’ont pas à prétendre de se substituer pas aux pratiques règlementées et ont pour fer de lance la qualité de vie des patients.
De mon point de vue, j’utilise des techniques :
- intégratives ou holistiques impliquant le mental, le corps, les émotions et le lien.
- et complémentaires pour soutenir les soins prodiguées par les professionnels de santé.
Un autre point : pourquoi l’Activité physique adaptée est assimilée à ces approches alors qu’elle est validée scientifiquement depuis des années?
Surtout qu’elle manque cruellement de reconnaissance : le grand public et le corps médical ont encore du mal à identifier le métier d’Enseignant en activité physique adaptée. Souvent confondus avec des kinés ou des animateurs au grand damne de mes collègues …
Tout comme la sophrologie, bien que bien référencée dans le livre, fut citée à la fin du colloque, toujours à l’ombre de la méditation et de l’hypnose. Mais bonne nouvelle : si mes sources sont exactes, à la demande de la Direction Générale de la Santé (DGS), la sophrologie a été inscrite au programme du travail de l’INSERM. Son évaluation a commencé en septembre 2019.
Si on veut mettre plus l’Humain au coeur des soins, on peut remarquer l’intervention d’une patiente experte qui a énoncé les besoins d’un patient :
Etre soigné Guérir Ne pas souffrir Comprendre la santé
Le spectre est large pour que les acteurs de ces techniques y trouvent leur place et leur légitimité : la pédagogie inhérente aux métiers de sophrologue et d’ enseignant APA répondent notamment ces 2 derniers items.
La difficulté à reconnaitre ces pratiques au niveau institutionnel : une spécificité Française
L’intervention d’un médecin américain montre à quel point la France est en retard puisque ces approches sont intégrées dans le parcours de soin. Dans d’autres pays également.
Notre pays souffre d’une faible culture de la prévention (CARE) qui viendrait pourtant alléger les problèmes actuels du système de soins (CURE).
Pourtant, l’expérience d’un centre spécialisé en oncologie ont montré que l’utilisation de ces techniques permettent d’augmenter de 29% de chance de survie au cancer et réduisent de 8% les cas de dépression.
Tout le monde s’accorde à dire que pour valider scientifiquement ces techniques, elles ont besoin d’être évaluées.
Cela me questionne : comment évaluer avec une pensée cartésienne des techniques qui implique une tout autre vision de la santé humaine ?
Doit-on attendre ces évaluations pour remettre en lumière l’importance et la valeur de la prévention qu’elle soit primaire, secondaire ou tertiaire? Est-ce qu’elle pourrait devenir le carrefour de la fin du dualisme « pour ou contre » ces techniques pour basculer vers le « avec »pour notamment répondre aux besoins des patients ?